L’aéroport de Berlin-Tempelhof ferme ce soir
Thursday 30 October 2008L’aéroport der Berlin-Tempelhof, « la mère de tous les aéroports » – ainsi l’avait baptisé l’architecte britannique Sir Norman Foster – fermera cette nuit à minuit. Le dernier vol régulier, affrété par la compagnie aérienne Cirrus, avec Brussels Airlines une des dernières à rester jusqu’au dernier jour à Tempelhof, décollera en direction de Mannheim à 21h50, suivi à 23h55 soit du dernier tour d’un Douglas DC-3, le « Rosinenbomber », d’Air Service Berlin ou alors d’un vol avec un JU 52 de la fondation Lufthansa Berlin – un tirage au sort décidera.
Tempelhof avait connu une renommée mondiale lors du blocus de Berlin de juin 1948 à mai 1949: les États-Unis et leurs alliés avaient mis en place un pont aérien permettant de ravitailler Berlin-Ouest, enclave occidentale au cœur de l’Allemagne de l’Est, et dont l’Union Soviétique avait bloqué l’accès par voies terrestres. Les Douglas DC-3, hâtement reconvertis en « bombardiers à sucreries « (Rosinenbomber), atterrissaient alors toutes les 90 secondes à Berlin-Tempelhof. Ceux-ci vont maintenant déménager à Berlin-Schönefeld, ce qui n’est pas sans ironie, car le nouvel aéroport se trouve à l’est de la capitale – en ancien « pays ennemi ».
La nostalgie s’est déjà emparée des employés de l’aéroport et des dernières compagnies sur place: « Tempelhof a toujours été l’aéroport de Berlin et on y respire l’Histoire », raconte l’un d’eux au guichet des Rosinenbomber. Construit en 1923, Tempelhof marque grâce à ses terminaux séparés pour arrivées, départs et fret, l’histoire du transport aérien moderne. Les nazis voulurent en faire la porte d’entrée au IIIe Reich et l’aménagement de l’aéroport fut confié à Albert Speer, l’architecte d’Adolf Hitler.
Un hall d’entrée en marbre de 14m de hauteur et 90m de longueur, un toit conçu pour recevoir 85 000 personnes, 284 000m² de surface… Speer sut vite satisfaire la folie des grandeurs du Führer. La guerre terminée, Tempelhof tomba sous le contrôle des Américains, qui l’utilisèrent comme aéroport militaire.
L’avenir de l’aéroport semble être assuré, même si plus aucun avion ne décollera de ses pistes: des visites guidées pourront être organisées et l’industrie cinématographique semble être intéressée par ce bâtiment ayant déjà servi de coulisse à plusieurs réalisations telles que « La Scandaleuse de Berlin » de Billy Wilder ou « La Mort dans la peau » de Paul Greengrass. Les studios Babelsberg ont déjà demandé à utiliser exclusivement deux hangars pour des productions cinématographiques et désirent également réaliser des émissions TV dans d’autres parties de l’aéroport.